Tu veux savoir de moi le secret des sorcières ?
J’allumerai pour toi leurs nocturnes lumières,
Et je t’apprendrai l’art très simple des sorcières.
Renée Vivien
LA CHEVAUCHEUSE DE LUNE
Connais-tu
Cette ville engloutie
Où dorment les fugitives ?
Connais-tu ces mondes
Où je me cache ?
Je suis née de l’eau
Opiacée d’un ruisseau.
Je suis la dompteuse de nuées,
La conteuse des vents
L'enchanteresse des Dane Hills !
Je suis la fille-fleur !
Sous la houle des lianes,
Me devines-tu ?
Je suis apparue un soir d’orage
Quand les pétales des fleurs
Du sorbier se sont mêlés
À la cendre et à la poussière.
Je suis la femme souillée,
La maculée conception.
Sur les rocailles, coule
Le sang des roses.
J’ai en horreur l’épine,
Elle me rappelle ces ruines
Au fin fond de mon cœur.
Je suis celle que tes prêtres
Ont portée au bûcher !
Pourquoi m’as-tu saccagée ?
Je t’ai offert tous mes trésors.
Je suis la princesse barbare
Aux jadis de sang,
L’indomptée qui danse
Au milieu des flammes !
Je suis l’Anaphrodita !
Je suis la seule qui possède
La clé de la porte de nuit !
Je suis l’Aphrodita !
J’aime croire que je suis celle
Qui éclaire le cœur de chaque homme.
Poème © Sélène Wolfgang
Extrait de "La symphonie du papillon de nuit"
LOLITA
D'après une peinture de Jane Graverol
La corne d'un bouc
Transperce l'infini.
Ma rose de nuages
S'effeuille sous la pluie.
Objet entre
Les mains de votre désir,
Je suis le mannequin suspendu
À des fils de lune
Qui danse dans la nuit.
Les plis azur
De ma robe scintillent
Tel le ressac des vagues.
Je suis comme les timides rayons
D'un soleil d'avril qui vous effleurent.
J'ai l'innocence des lolitas.
Les ailes du papillon
Qui frémit dans ma longue
Chevelure ont des yeux.
Ils vous observent à votre insu !
Vous êtes le valet de pique,
Je suis la dame de cœur
Et le temps est un joueur !
Objet entre
Les mains de votre désir,
Ma chair au doux
Parfum de mûres
N'est pas pour vous
Et mes baisers resteront
Pour vos lèvres des secrets !